Où est l’information Web sur les troubles psychiques? La cartographie Psycom

Où est, sur le Web, l’information sur les troubles psychiques ? Par qui est-elle délivrée? Quelle en est la qualité?

À ces questions importantes, Psycom répond par une étude éclairante. Nous donnons un aperçu de cet excellent dossier qui mérite une lecture attentive.

C’est à la demande de Santé Publique France, que l’équipe de Psycom a effectué une enquête approfondie  “afin de mieux répondre à la demande d’information des internautes français sur les troubles psychiques”. Estelle Saget, journaliste spécialisée en santé, et Aude Caria, directrice de Psycom ont organisé cette enquête.

Méthodologie de la cartographie Psycom :

1 Quel “périmètre” pour les troubles psychiques ?

La Classification Internationale des Maladies, la CIM 10 permet de délimiter ce périmètre. Ainsi, le mal-être ou le bien-être sans trouble caractérisé n’y figurent pas.

2 Repérage des besoins des internautes :

L’enquête repère les besoins des usagers à partir de ce qu’ils formulent eux-mêmes : leurs requêtes sur les moteurs de recherche Google et Qwant.

Elle sélectionne les 13 troubles les plus fréquemment demandés  et pour chaque trouble, le choix  du terme que les internautes utilisent eux-mêmes. .

3 Recension des acteurs du Web à propos des troubles psychiques :

Les enquêteurs examinent plusieurs centaines de sites web délivrant de l’information en français sur les troubles psychiques.

4 Filtrage de l’ensemble de ces acteurs du Web selon 6 critères :

Ces critères qualitatifs sont les suivants : l’accès doit être gratuit, les contenus libres d’accès. Mais aussi, pour le grand public les contenus sont faciles à comprendre : vocabulaire simple, vulgarisation des informations scientifiques, phrases courtes, durée courte pour les vidéos, exclusion du jargon.

De plus, les sites ont une audience ou une visibilité importante : ils se situent dans une position haute dans les résultats des requêtes sur Google ou Qwant. Ces sites ne font pas d’auto promotion et n’ont pas de liens commerciaux.

De façon plus subjective, l’équipe de rédaction apprécie l’utilité et l’originalité pour l’internaute français de sites francophones (belges, suisses, canadiens, français)

Résultat : 196 acteurs du web répondent à ces exigences (dont Psyway.fr)

5 Enfin les 196 acteurs retenus sont classés en 10 catégories

On dénombre 23 acteurs publics institutionnels, 6 acteurs publics type centre de recherche, 46 acteurs privés du secteur associatif/ONG en dehors des associations de patients, 35 acteurs privés du secteur associatif du type association de patients et de proches. On ajoutera 7 acteurs privés à but non lucratif de l’économie sociale et solidaire (Mutuelle, Fondation..). Les médias en ligne sont au nombre de 38.  Les acteurs privés du secteur lucratif hors média en ligne sont 11. Puis vient la catégorie des blogs : 15 usagers blogueurs et 12 professionnels blogueurs.

Notons que l’équipe repère 3 acteurs à risques de dérives sectaires.

6 Selon l’offre d’information sur chacun des 13 troubles psychiques

Les sites se classent en “acteurs pluri-troubles” ou mono-troubles (addictions, anorexie boulimie, autisme, bipolarité, dépression, dyslexie et TDAH, insomnie, phobie, psycho-traumatisme, schizophrénie, suicide, TOC, troubles anxieux)

Une information psy déficitaire

D’abord, au terme de cette enquête on soulignera que Psycom relève un déficit général d’information et appelle à de nouveaux contenus. Sur quels thèmes ?

  • Les droits des patients
  • Les effets indésirables des médicaments psychotropes et les risques de dépendance
  • Les possibilités de rétablissement (recovery)
  • Le psycho traumatisme

Psycom repère 7  troubles sont moins bien documentés et appelle à en enrichir les contenus pour la période 2020–2022 :

D’abord les troubles anxieux, l’anorexie et la boulimie, le suicide et pensées suicidaires, l’insomnie et la dépression. Mais encore la Dyslexie et TDAH.

Pour l’avenir, des critères de qualité pour l’information sur les troubles psychiques :

Psycom propose à la profession 11 critères de qualité de l’information en santé mentale. Comment ne pas être d’accord avec cette liste qui définit une charte de bonne conduite ?

  • Les sources sur lesquelles s’appuie le contenu doivent être reconnues
  • Le contenu sera élaboré pour ce site. Donc, on évitera de relayer à partir d’un autre support
  • Le contenu présentera des propos contradictoires sur un même sujet et non une seule lecture des faits
  • L’information sera présentée de manière équilibrée entre les différents points de vue
  • Ainsi, les faits seront clairement distingués des opinions
  • C’est pourquoi on mentionnera l’école de pensée à laquelle appartiennent les auteurs
  • Les traitements proposés pour un trouble psychique comprennent les médicaments et les interventions non médicamenteuses
  • On trouvera sur le site mention de l’expérience des usagers
  • De même que les questions de stigmatisation et de discrimination des personnes vivant avec des troubles psychiques
  • Les droits des usagers sont abordés sur le site
  • Le site promeut la santé mentale au sens “prévention“du terme
  • La notion de rétablissement est présente sur le site

Mais, au fait : existe-t-il actuellement un seul acteur remplissant l’ensemble des critères ?

Réponse : non

L’équipe de l’enquête, pour être tout à fait complète, passe son propre site Psycom.org sur le gril:

note de 8/11.

Bravo! On applaudit !!

Sources

Cartographie des acteurs produisant des contenus Web sur les troubles psychiques (réalisé à la demande de Santé publique France par Estelle Saget journaliste spécialisée en santé et Aude Caria, directrice de Psycom -10/2020

Rapport Internet et Santé Mentale de l’Observatoire « Vie Numériques » du Centre de Référence en Santé Mentale– CRéSAM (Belgique, nov. 2018)

Souffir V., Gauthier S., Hayat M., Internet s’invite dans la consultation psychiatrique. L’information psychiatrique vol 96 n°5, mai 2020


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