Qu’est-ce que la réhabilitation psychosociale?
Grâce au mouvement de désinstitutionnalisation et à la mise en œuvre de la sectorisation en psychiatrie, le retour des patients à leur domicile a été facilité.
La réhabilitation psychosociale est un mouvement qui répond au fait suivant : les pays occidentaux ont vu arriver dans la cité, des personnes malades ne possédant pas les ressources personnelles ou les conditions matérielles qui leur permettent de vivre et d’agir seuls. Il a fallu développer d’autres types d’interventions de soins psychiatriques et d’assistance afin d’améliorer leur intégration.
Nous devons au Dr Gilles Vidon le résumé suivant :
Les objectifs de la Réhabilitation psychosociale
Dès sa création, elle s’est fixé comme but de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes de troubles mentaux et de leurs familles qui, à travers le monde, sont touchées par des maladies mentales qui engendrent l’invalidité.
Pour y parvenir, elle a privilégié :
- La promotion des politiques et des programmes nationaux et internationaux visant à répondre aux besoins fondamentaux et spécifiques des malades mentaux
- Les actions en vue de modifier l’image de la maladie mentale, de réduire l’exclusion liée à la stigmatisation, de défendre les droits des malades. La collaboration avec les associations familiales et d’usagers en a été un des outils.
La notion de Rétablissement (recovery)
Au niveau des personnes, c’est la notion de rétablissement qui a primé. En quelque sorte c’est la philosophie de la « partie saine » de la personnalité dont il faut s’occuper, la « partie malade » se trouvant en rémission. On va faire porter l’accent sur « vivre avec sa maladie » plutôt que sur « être soigné ». Le corollaire étant de donner davantage d’autorité à l’usager. Cependant, c’est peu confortable pour les soignants, qui ont le désir de protéger leurs patients. « S’aider soi-même s’oppose à être traité comme personne dépendante et sans aide ». Dans ce modèle le patient est considéré comme sachant mieux que quiconque ce dont il a besoin pour se rétablir. Ce modèle suggère que le patient (e) va apprendre à vivre avec sa maladie, à « faire avec ».
Réhabilitation psychosociale et soins sont complémentaires
On a longtemps reproché à la Réhabilitation Psychosociale de ne s’occuper que de la « partie saine » de la personnalité des patients. Elle s’intéresserait moins à l’idée d’un changement ou d’une évolution de la maladie. Elle centrerait son action sur la personne malade qu’il faut aider à s’adapter à ses incapacités.
Or, la Réadaptation Psychosociale se comprend comme une démarche forcément complémentaire de la démarche médicale « pure” qu’elle favorisera en la rendant possible.
Il en ressort que les actions de réhabilitation relèvent de deux dimensions complémentaires : une dimension d’action de soins et d’accompagnement à l’intention des personnes souffrant de troubles psychiques et un ensemble d’actions en direction de la société afin qu’elle soit plus porteuse et plus apte à les accueillir.
Paraphrasant la célèbre formule d’un des pionniers de la sectorisation (Philippe PAUMELLE) qui disait qu’« il ne suffit pas d’attendre un psychotique dans une salle d’attente », nous pourrions énoncer aujourd’hui qu’on ne peut pas se contenter de procurer des soins médicaux de qualité à une personne atteinte de troubles psychiatriques chroniques et invalidants. Mais il faut également s’assurer qu’elle évolue dans un environnement qu’elle a choisi et où elle se sent en sécurité. Elle doit pouvoir être accueillie à tout moment, même en situation d’urgence, près de son domicile pour des soins. Elle doit être inscrite dans un projet de réhabilitation qui lui convient et avoir facilement à sa disposition des aidants…
Le diagnostic de réhabilitation
Dans le champ de la médecine, le diagnostic médical s’avère un recensement des symptômes et leur organisation en maladie ou en syndrome ; l’utilité du diagnostic médical va être de définir des moyens thérapeutiques. Dans le champ qui nous intéresse, le diagnostic de réhabilitation doit aider les personnes à identifier leurs objectifs et à déterminer ce qu’elles doivent réaliser et posséder pour les atteindre.
Diagnostic médical et diagnostic de réhabilitation diffèrent nettement, mais tous deux fournissent des informations complémentaires pour le traitement.
- Évaluation fonctionnelle des capacités : autonomie, habiletés sociales
- Évaluation fonctionnelle des ressources
- Soutiens ou aides à développer ou à rechercher
- Évaluation des “impliqués familiaux ” : disponibilité, vulnérabilité
- Évaluation de la disponibilité du sujet aux mesures de réhabilitation
- Définition des buts à atteindre : sociaux, résidentiels, éducationnels, professionnels…
- Programmes d’intervention.
On comprendra que la bonne pratique du diagnostic de réhabilitation relève d’une appréciation pluridisciplinaire. Elle va renforcer obligatoirement la communication entre les disciplines, entre les différents acteurs ou intervenants ainsi qu’avec les individus et leurs familles. C’est la participation des usagers à leur propre diagnostic de réhabilitation psychosociale qui doit leur permettre de commencer à assumer un rôle actif dans leur propre rétablissement.
Dr Gilles VIDON, Psychiatre honoraire des hôpitaux
Voir aussi
Réhabilitation psychosociale et remédiation cognitive
Psychiatre–Psychanalyste – Ancien responsable d’un service de soins psychiatriques