Hallucinations, délires, en parler

témoignage de Xavier folie, psychose, hallucination, délireHallucinations et délires s’imposent fortement à la personne qui les vit. Il est souvent difficile d’en parler. Ce sont des symptômes typiques en psychiatrie.

Les hallucinations peuvent être des voix que seule la personne malade entend, des sensations plus ou moins nettes auditives, visuelles, olfactives, souvent de plusieurs types chez la même personne. Elles s’imposent fortement dans le vécu de la personne, ressenties de façon très réelle, souvent pénibles, parfois source de plaisir. Les voix sont parfois gentilles, souvent insultantes. Elles peuvent commenter les actions ou les pensées. Elles peuvent être seulement perçues comme venant de l’intérieur de soi, difficiles à différencier de la pensée habituelle et parasitant celle-ci. Les délires sont des formes de pensée, parfois très organisées, parfois très vagues, compliquées, difficiles à comprendre.

Tout le monde connaît certains thèmes des délires, dont les noms sont passés dans le langage courant : délire de grandeur (être mégalo), délires de persécution, d’interprétation (être parano), délires mystiques, délires de jalousie (fréquent dans les violences conjugales) ; les thèmes les plus variés existent; cela dépend de la psychologie de la personne, de ses expériences de vie avant la maladie; cela dépend aussi, de la culture de son époque (personnages en vue, religion, état de la science…). Certains délires sont accompagnés de passion, d’agressivité, voire d’une volonté très offensive d’emprise sur la pensée ou l’action des autres.

La conscience du fait que les hallucinations et les délires sont des troubles est variable.

Souvent la personne qui présente ces troubles ne se rend pas bien compte… Ce qu’elle vit est ressenti comme très réel, et elle s’agace si on ne la croit pas… La méfiance, des idées de persécution ou de grandeur pas exemple peuvent s’ajouter : se sentir observé, ou sous influence, ou manipulé, du fait de la méchanceté de quelqu’un, ou pour une grande cause, religieuse, politique. Les idées du délire sont alors vécues avec force, elles sont aussi indiscutables que les sensations éprouvées.

Parfois au contraire, cette personne prend du recul, connaît ses voix (par exemple), et arrive à en parler avec son médecin, ou avec des personnes de confiance.

En effet, les voix, hallucinations, délires, peuvent évoluer dans le temps, devenir moins présentes ou mieux maîtrisées.
Derrière la certitude attachée aux pensées délirantes peut se cacher une dépression, une forte angoisse, un sentiment de détresse, une certaine confusion.

Les hallucinations et délires sont difficiles  à supporter par l’entourage

Le plus souvent, ce sont les proches qui sont alertés par les hallucinations, car la personne malade se replie ; elle semble ailleurs, au moins par instants, ou n’est plus en contact, ou encore, elle devient méfiante, voire hostile. Tout ceci est très difficile à supporter pour l’entourage familier habituel. La vie ou le simple dialogue peuvent devenir très difficiles à cause du déni. Si l’on cherche à « raisonner » le malade, à contester ses dires, lui démontrer que ses sensations ne sont pas réelles, ou que ses pensées et jugements sont erronés par rapport à la réalité commune, cela ne sert à rien. Au contraire, le malade peut devenir irritable, agressif, il peut accuser son interlocuteur de ne pas le comprendre, d’être « fou ».

Psychologie des délires et des hallucinations

Freud a montré que le délire et les hallucinations sont des productions psychiques utiles, des défenses, même s’il s’agit de phénomènes pathologiques. En effet, pour Freud, le psychisme lutte pour atténuer une blessure psychique intolérable qui a été intériorisée comme un anéantissement définitif du monde et de soi, avec le sentiment de ne plus exister. Une malade dit par exemple qu’elle a eu « le sentiment d’être morte pendant des années ». De ce fait, le délire cherche à reconstruire un nouveau monde à la place du monde perdu, et les hallucinations un monde de sensations là où elles semblaient avoir disparu. Délire et hallucinations sont donc des productions psychiques douloureuses, mais toujours précieuses. Ceci permet de comprendre en partie pourquoi les malades refusent qu’on discute ce qu’ils ressentent

En milieu de soins

Les médecins et soignants peuvent ressentir comme l’entourage du malade une difficulté face aux délires et hallucinations et aux autres manifestations de la maladie.

Ils doivent apprendre à respecter les défenses que le psychisme du patient a construites : cependant, les troubles installés peuvent devenir envahissants et renforcer le repli, la souffrance psychique, l’hostilité, l’agressivité . Un médicament est alors nécessaire, parfois contre le gré de la personne malade. Les neuroleptiques et anti psychotiques ne nécessitent pas toujours des posologies très élevées ; d’autres médicaments peuvent également être utiles, anxiolytiques, antidépresseurs…

Toutes les psychothérapies sont utiles : modules d’éducation thérapeutique, avis d’autres malades sur internet, thérapies institutionnelles ou individuelles.

Mais il n’est pas toujours facile de parler des hallucinations et des délires : soit parce que ce n’est pas très clair pour soi-même, soit parce que certains professionnels n’écoutent pas vraiment leurs patients. Certains « entendeurs de voix » revendiquent à juste titre la possibilité de parler de leurs voix en étant respectés, et non traités « comme de pauvres malades » quoiqu’ils disent ou fassent. Cela participe à leur rétablissement, en collaboration avec la psychiatrie.

  Évaluation :

L’évaluation des hallucinations, voix et délires dépend avant tout de la possibilité de prendre un certain recul, d’être moins envahi, d’avoir moins peur du monde extérieur, et de parler à quelqu’un. Psyway propose deux modules. Hallucinations et délires sont des symptômes fréquents dans les schizophrénies, même s’ils peuvent exister dans d’autres troubles, notamment les bouffées délirantes aiguës (BDA).

Pour les usagers : schizophrénie COP U, auto-évaluation thème 8

Pour les professionnels, schizophrénie COP13 item 8

Dans Psyway

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