Changer la psychiatrie, d’hier à aujourd’hui
Il me semble que la transformation des soins psychiatriques ne peut se faire que par une communication entre les soignants d’une part, les pouvoirs publics d’autre part, les usagers en troisième part… Cette communication est insuffisamment établie à mon sens »
Ce propos plus actuel que jamais, est celui du Professeur Philippe Paumelle, à Montréal, le 20 mai 1971. Il s’adressait à des collègues français et canadiens, en présence de médias.
Il n’était encore qu’un jeune “Docteur”, et pas encore un “Professeur”, quand Philippe Paumelle (1923-1974), contribuait de façon décisive à faire évoluer les soins psychiatriques. Avec d’autres, il menait un combat pour que l’hôpital ne soit plus le seul lieu du traitement des troubles mentaux. Dans une démarche résolue et plus personnelle, il faisait un pas de plus à la fin des années 1950. En effet, il développait de nouvelles institutions et de nouvelles formes de soins. Ainsi montrait-il que l’hôpital pouvait ne plus être le centre du traitement. Mais bien avant cela, il prônait par exemple que l’on observât attentivement les ressentis ou les avis des malades quant à leurs soins. Ce qui semble évident aujourd’hui ne l’était pas alors. On ne disait pas les usagers comme aujourd’hui, mais les malades. Mais l’important, c’est que ces malades étaient souvent isolés, ou plutôt pour certains à l’isolement, pendant des années, dans de très mauvaises conditions à l’hôpital psychiatrique. Il fallait sortir de cette impasse.
Le traitement des troubles psychiques a beaucoup changé dans ces années 1950-1960, même si beaucoup de progrès sont encore nécessaires
- Nous le devons à la découverte de médicaments actifs,
- A une meilleure connaissance de la psychologie des troubles sous l’influence de la psychanalyse notamment,
- Et enfin, une transformation profonde de l’organisation des soins psychiatriques a pu se mettre lentement en place
Philippe Paumelle fut l’un des grands artisans de cette profonde transformation.
Il pensait avec force que les soins psychiatriques reposent d’abord et avant tout sur une rencontre humaine. Il voulait prioritairement que cette “rencontre” concerne une équipe psychiatrique basée dans la cité d’un côté, et les patients psychiques de l’autre. Cette rencontre devait avoir lieu autant que possible au plus près de la vie quotidienne des patients. Des patients, de leurs familles, de leur environnement, et non plus uniquement et forcément à l’hôpital comme c’était le cas auparavant. L’équipe bien organisée, sa réflexion, sa disponibilité, le travail en commun étaient autant de ses leitmotivs.
Le malaise de la profession aujourd’hui
Certes beaucoup de choses ont changé. Cependant, nous devons nous souvenir de ces messages, alors que la pauvreté de la psychiatrie actuelle est si souvent stigmatisée, et que le malaise de la profession s’exprime chaque jour
Un ouvrage consacré à Philippe Paumelle a paru au Editions John Libbey Eurotext : Philippe Paumelle, un psychiatre dans la cité, la force du soin
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Rester soignant en psychiatrie
Jean-François Bauduret nous offre une recension saisissante du livre Philippe Paumelle, un psychiatre dans la cité
Psychiatre–Psychanalyste – Ancien responsable d’un service de soins psychiatriques