Rester soignant en psychiatrie

présence psychologique auprès d'enfants en détresse Il est difficile actuellement de ne pas se décourager quand on est soignant en psychiatrie. Aussi, j’adresse un grand merci au webinaire de Psyway du 08 février dernier pour ce moment de qualité.

Il avait pour thème « repérer et aider les jeunes en souffrance psychologique ».

L’implication de professionnels de qualité comme le Dr Benamozig qui est intervenu ce soir-là m’a fait ressentir plus encore mon découragement habituel, entre angoisse et colère. Je suis affligée, atterrée même, par le décalage abyssal entre les besoins des personnes en difficulté, et l’état des moyens actuels de la psychiatrie. Car l’exposé sur l’association la Vita que nous avons entendu, malgré les obstacles, résistait pour  transmettre un message authentique, émouvant, humain. C’était un encouragement, par la recherche obstinée d’un soutien qui ait du sens pour les personnes en détresse psychique et pour les professionnels.

Le travail de terrain est central

Je parle ici du frein lié à des politiques surtout gestionnaires. quand on sait que des solutions créatives, adaptées aux besoins des jeunes évoqués seraient possibles. La multiplication des protocoles, la paperasse (maintenant numérisée) écrasent, asphyxient les professionnels. Ces professionnels en contact avec ces jeunes, devraient les accompagnent de façon parfois prolongée et proche. Ainsi, l’orateur a expliqué au cas par cas sa pratique personnelle. Il décrit son partage d’expériences quotidiennes avec des adultes en difficulté. Son attitude active dérivée de son expérience de psychothérapie institutionnelle. Quant au dispositif la Vita, il s’adresse à des jeunes en difficulté, avec de bons résultats. Mais la liste d’attente s’allonge faute de moyens.

Je perds le sens de mon travail

Comme beaucoup de travailleurs sociaux, je me sens écrasée par des dispositifs qui nous éloignent d’une rencontre humaine. Je sais que je vais dire des choses déjà dites, quand je pense que nos politiciens croient comprendre et veulent diriger de loin des populations. Mais les professionnels, eux, se cognent au cas par cas à des besoins réels complexes pour lesquels il n’existe pas toujours de solution toute faite. Comment rester présents et créatifs quand il faut aller toujours plus vite, remplir les statistiques, entrer dans des procédures, des dispositifs ! Nous sommes devenus des exécutants, des prestataires de services avec de moins en moins de relation humaine avec nos bénéficiaires. Que sont devenus les temps de rencontre, qui dans certains secteurs aidaient les professionnels à innover, face à ces situations complexes. Nous avons besoin de retrouver et voir reconnue la valeur de notre travail personnel et collectif.

Pour un pouvoir d’agir plus horizontal… et démocratique

L’expérience de laVita nous donne une idée de ce que nous avons perdu ou perdons chaque jour. En effet, il est réconfortant d’entendre un professionnel qui engage sa science et son humanité pour s’occuper de ces jeunes avec dynamisme et intégrité. C’est très motivant. Mais il est navrant de le voir s’épuiser à courir les fondations d’entreprises pour obtenir des contributions « one shot » . On ne peut que remercier celles-ci. En effet, de nombreuses démarches auprès des cercles officiels – jusqu’aux ministères de la santé – n’ont abouti à aucun financement pérenne. Quelle générosité et quelle énergie faut-il pour ne pas se décourager. Un pouvoir descendant et loin des initiatives de terrain gâche probablement cette belle générosité des collègues dans trop de cas. Il est probable aussi qu’elle décourage des vocations.

Voilà ce que je voulais dire

Je parlerai de l’association La Vita à mon réseau ! Mais ce ne sont malheureusement pas les travailleurs sociaux qui ont un pouvoir financier. Ce webinaire a réveillé ma curiosité de chercheuse… Et je me dis que quand on a la motivation, on peut travailler sur plusieurs facettes professionnelles. Voire exceller dans beaucoup de domaines ?

Je n’ai pas osé intervenir à la fin du webinaire… le syndrome de la légitimité !  Je le fais par écrit et je vous remercie »

La rédaction de Psyway publie ce texte avec l’aimable autorisation de Patricia B. , que nous remercions…

 

 

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