Covid-19 : quels progrès en matière de e-santé ?

Quels progrès le numérique a t-il apporté en santé dans les rapports entre patients et professionnels ? Quels sont les obstacles à surmonter?

« Ce que la Covid-19  a vraiment montré en matière de e-santé – Retour d’expérience en Ile de France» est une étude publiée en décembre 2020 par le SESAN (Service Numérique en Santé). Elle apporte un éclairage important. Elle porte sur la première vague de Covid.

Les bénéfices du numérique

Cette étude a pour intérêt d’être centrée sur la digitalisation de la relation patients / professionnels de santé, mais également sur celui de l’autonomie acquise par les patients grâce à ces systèmes.

L’étude identifie bien les bénéfices de la téléconsultation :

  • la continuité du suivi
  • la protection des plus fragiles
  • le gain de temps

Mais elle repère aussi les freins rencontrés :

  • le manque de lisibilité de l’offre des outils et systèmes proposés actuellement
  • l’absence de sécurisation des outils « grand public » au regard des normes exigées pour les données médicales et leurs échanges
  • les problèmes techniques rencontrés et les difficultés dans les zones non couvertes par la 4 G
  • mais aussi la fracture numérique causée par « l’illectronisme », c’est-à-dire le manque de compétence à l’utilisation des outils numériques.

L’étude n’a pas permis d’observer d’utilisation significative des objets connectés pour que le patient suive par lui-même l’évolution de son état.

Le renforcement de l’autonomie des patients

Les établissements ayant mis en œuvre une digitalisation du dossier, préparatoire à l’entrée ou à la consultation, ont pu constater :

  • une réduction des passages par le bureau des admissions au profit d’un accès direct à la prise en charge médicale
  • et donc une simplification des parcours dans les établissements équipés.

Pour les personnes touchées par le Covid 19, le télésuivi :

  • a facilité l’accompagnement des patients,
  • a limité les risques de contamination
  • a facilité un suivi régulier
  • en particulier pour ceux porteurs de maladies chroniques dont les consultations avaient été déprogrammées.

Là encore, des freins sont mentionnés :

  • une certaine complexité des systèmes proposés aux patients pour compléter en amont leur dossier ce qui nécessite une bonne pratique des systèmes numériques
  • la multiplicité des plateformes au sein d’un même établissement
  • une mise à jour des informations nécessaires trop peu fréquentes.

L’auto-évaluation des personnes

Les systèmes mis en place rapidement ont permis aux personnes touchées par le virus d’auto évaluer leur situation par un questionnaire informatisé dont l’analyse faisait appel à des algorithmes. Ainsi, avec l’aide des professionnels, et en amont d’une consultation ou d’une admission, les patients ont été mieux orientés vers le service adéquat.

Il fallait pour cela qu’ils soient équipés et qu’ils maîtrisent les outils numériques sans avoir à remplir un questionnaire trop long.

Le maintien du lien

Au cours de cette période des associations de patients se sont constituées en sus de celles déjà existantes ce qui a permis aux patients de construire ou maintenir un lien par des échanges sur leur pathologie. Des lignes d’écoute de patients ont été mises en place rapidement notamment pour ceux présentant des maladies chroniques.

Toutes ces actions leur ont permis le maintien du lien et de mieux vivre leur pathologie durant cette période.

Premier bilan et perspectives d’avenir en psychiatrie

De nombreuse questions sont soulevées par cette étude très intéressante. Car si elle est centrée sur l’épidémie de Covid, son bilan et ses analyses concernant les outils de e-santé sont transposables à l’ensemble des pathologies et notamment les pathologies psychiatriques. 

En effet les bénéfices et freins mis en exergue par cette étude permettraient, une fois levés, de disposer d’outils numériques plus adaptés aux établissements spécialisés en soins psychiatriques car bénéficiant de l’expérience réalisée.

Et ainsi de mettre en place des mesures réduisant la fracture numérique notamment par des formations régulières à l’utilisation de ces outils, tant pour les professionnels que pour les patients.

Les moyens mis en en œuvre par les pouvoirs publics pour accélérer la mise en place de la digitalisation dans les établissements et services apparaissent une opportunité à saisir dès 2021. (Ségur de la Santé y compris pour le secteur médicosocial)

Le retard constaté dans le champ de la santé mentale concernant l’utilisation de ces outils deviendrait un avantage pour mettre à disposition sans délai des outils adaptés au public concerné mais aussi interopérables.

Pour en savoir plus sur Psyway : Troubles psychiatriques et Covid-19 : effets croisés

 

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